La bioéthique définit l'étude des préceptes moraux qui doivent présider aux pratiques médicales et biologiques concernant l'être humain. C'est donc en cette "discipline" que vient se placer la question de l'eugénisme. En effet, cette pratique scientifique vise à améliorer l'espèce humaine grâce à l'aide de la technologie génétique et soulève aujourd'hui de nombreuses interrogations quant à son aspect moral.
Cousin de
Charles Darwin, sir Francis Galton est un des fondateur de l'eugénisme et la
définit comme étant « la science de l’amélioration de la race, qui ne se
borne nullement aux questions d’unions judicieuses, mais qui, particulièrement
dans le cas de l’homme, s’occupe de toutes les influences susceptibles de
donner aux races les mieux douées un plus grand nombre de chances de prévaloir sur les races les moins
bonnes ». L'eugénisme est originaire du darwinisme social, celui-ci
a été le concept qui a servi à justifier le colonialisme, l'eugénisme et
surtout le nazisme.
Les
États-Unis ont été le premier pays à avoir adopté l'eugénisme basé en premier
lieu sur la dégénérescence, en effet dès 1920 des lois de stérilisation visant
les fous, les faibles d’esprit, les épileptiques, les malades mentaux et les
criminels sont mises en place.
A
la même époque en France de nombreux chercheurs en médecine influencés par le
mouvement naissant de l'eugénisme s'indignent contre ceux dits
"inférieurs":
« Il ne s’agit pas de punir [les tarés],
mais de les écarter de nous. Il ne faut pas que leur sang vicié vienne
corrompre le sang généreux d’une race forte » Charles Richet.
« Il faut abandonner l’idée dangereuse de restreindre les forts, d’élever les
faibles, et de faire
pulluler
les médiocres » Alexis Carrel.
L'eugénisme est aussi très présente durant la
seconde guerre mondiale notamment auprès du régime nazis avec la création en
1935 des Lebensborn qui étaient des maternités eugénistes destinées à la
production d’enfants aryens. L'eugénisme est à l'origine de nombreux crimes
contre l'humanité qu'en 1939 le
programme Aktion T4 d'euthanasie est appliqué et vise à rendre stériles les
malades mentaux, les malades incurables mais aussi les homosexuels et les
métis. Hitler disait d'ailleurs à ce propos dans son ouvrage Mein
Kampf en 1925 :
« Il
n’y a qu’une seule infamie, pour les parents qui sont malades ou qui ont des
tares héréditaires, c’est de mettre des enfants au monde, et dans ce cas c’est
un honneur que de s’abstenir de le faire. »
Cependant le XXI siècle donne lieu à une véritable révolution de
l'eugénisme, avec le progrès scientifique, il permettra à la médecine
d'éliminer tous les embryons présentant des handicaps mentaux bientôt, la
sélection génétique des embryons sera ouverte à tous les parents. Un eugénisme
décomplexé qui permettra de choisir la couleur des yeux, la musculature, la
personnalité et surtout le QI de son futur enfant. Aux États-Unis et en Israël
cette pratique est autorisée ce qui n'est pas le cas de la France d'ailleurs
Fertility Institute est le premier établissement implanté à Los Angeles
permettant de choisir le sexe de son enfant.
Bien qu'elle puisse être solution à nombreux problèmes tels que la
vulnérabilité aux maladies génétiques connues, la surpopulation ou la
transmission de pathologies handicapantes et/ou mortelles on ne peut nier sa
chosification de l'être humain en permettant le critérium de gènes.
En
effet, tous les hommes naissent égaux et il est contraire à l’éthique de
restreindre le droit à la vie ou à la reproduction d’un homme sous prétexte
qu’il ne correspond pas aux caractéristiques que d’autres humains voudraient
donner à l’espèce humaine et qu’il leur est inférieur hiérarchiquement.
De nombreuses lois ont vu le jour quant à l'aspect bioéthique de
l'eugénisme en effet « Nul ne peut porter atteinte à l’intégrité de l’espèce
humaine. Toute pratique eugénique tendant à l’organisation de la sélection des
personnes est interdite. Aucune transformation ne peut être apportée aux
caractères génétiques dans le but de modifier la descendance de la personne ».
Par
ailleurs, l'eugénisme ne laisse pas les religions indifférentes, notamment le
catholicisme qui condamne toute manipulation embryonnaire, l’ancien pape
Jean-Paul II déclarera même à propos du tri embryonnaire qu’ « une
pareille mentalité est ignominieuse et toujours répréhensible, parce qu’elle
prétend mesurer la valeur d’une vie humaine seulement selon des paramètres de
« normalité » et de bien-être physique, ouvrant ainsi la voie à la
légitimation de l’infanticide et de l’euthanasie ».
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » François Rabelais
MARIUS Aurélie
Encore un article intéressant ! C'est bien.
RépondreSupprimer